L’empire des épiceries Djerbiennes: Le modèle économique qui vous inspire !
Photo de Mariem Yadir
Avouons-le, vous êtes tunisien. Peut-être que vous en croisez une épicerie Djerbienne tous les jours. Ceci peut paraitre très normal. Généralement installée au bord de la route, c’est une épicerie comme une autre. A l’intérieur vous pourrez trouver différentes conserves : tomate, thon, piment et aussi des packs de riz et surtout des pâtes.
Lorsque nous voyons des produits d’épicerie frais à notre porte, il est si facile d’oublier les travailleurs acharnés qui travaillent derrière chaque produit. Mais dans cet article nous proposons de voir les choses autrement et surtout de dévoilé le secret de l’empire des épiceries Djerbiennes.
Dans cet esprit, l’épicier Djerbien est un incontournable de nos quartiers et de notre culture. D’ailleurs, les originaires de l’île de Djerba ont créé des réseaux d’épiceries aussi bien en Tunisie qu’à l’étranger. Même concurrencées par les supermarchés et autres grandes surfaces, les épiceries tunisiennes restent très présentes et rendent toujours d’éminents services. C’est la principale raison pour laquelle les épiceries Djerbiennes sont encore utilisées aujourd’hui, bien que l’île compte désormais beaucoup plus de supermarchés.
Le business modèle de l’épicerie Djerbienne en bref
Cette spécialisation professionnelle est profondément ancrée dans la culture des différentes communautés de l’île. Cela a permis le développement économique locale et l’individu de se sentir utile à sa communauté.
Au sens économique, lorsqu’il y a un partenariat entre quelqu’un qui possède un capital et une autre personne qui exécute le travail, les deux veulent rendre le commerce qu’ils font le plus rentable possible. Un capitaliste aimerait faire le plus de profit possible, tandis que le travailleur aimerait avoir suffisamment de revenus pour pouvoir faire son travail.
Sur l’échelle sociale, dans les temps anciens, on comptait quatre catégories dans ce type de métier : “Ejerbi” ( généralement un membre de la famille en début de carrière et très jeune ) commençait comme apprenti, puis associé avant de devenir locataire puis propriétaire. Le gérant de l’épicerie recevait la moitié des bénéfices nets, l’autre moitié revenant au détenteur du fonds.
Quant au patron du “Hanout” (L’ épicerie) ,Il voit en son apprenti quelqu’un qui va l’aider et éventuellement reprendre l’entreprise familiale. C’est très important pour lui de savoir que son héritage sera préservé et revivifié.
La légende de l’esprit commerçant de Djerbien
L’esprit commerçant du Djerbien est devenu légendaire. D’abord en Tunisie où le terme “Djerbien” est devenu synonyme d’épicier. “Ejerbi” (littéralement Le Djerbien,): c’est ainsi que les Tunisiens désignent l’épicier du quartier. Hormis l’épicerie exercée par une majorité d’entre eux, les Djerbiens sont aussi merciers, marchands de tissus de chéchia, de poterie, d’huile, etc… mais presque toujours négociants.
De Djerba ..Toute la Tunisie.. la France et puis le reste du monde
Ailleurs, autour du bassin méditerranéen, là où les émigrants Djerbiens se sont le plus fixés, les petites boutiques appelées “Hanout” sont célèbres: ouvertes jour et nuit, elles offrent une panoplie de produits depuis les produits alimentaires à la quincaillerie et jusqu’aux plantes médicinales.
“Une étude statistique réalisée à la veille de la Deuxième Guerre mondiale nous renseigne sur les Djerbiens sédentaires ainsi que sur l’effectif total des commerçants Djerbiens exerçant hors de l’île… L’effectif des commerçants exerçant hors de l’île est de 6452, dont 77 sont de confession juive et 6385 sont de confession musulmane partagés entre les sunnites malékites (habitant la partie est de l’île) qui détiennent 80% du commerce de l’épicerie et les kharéjites de tendance wahabite-ibadite (habitant la partie ouest) qui se livrent à d’autres types de commerce. Sur l’ensemble de ces commerçants émigrés, 5365 se sont fixés dans d’autres villes de la Tunisie, 668 en Algérie, 186 en Libye, 84 en Egypte, 46 en Turquie, 20 au Maroc, 16 en Arabie saoudite, 8 au Yemen et 139 dans divers autres pays.”
(D’après une étude réaliser par Kamel Tmarzizet).
En France, les citadins connaissent bien cette expression. Si tous les commerces ferment, il n’y a qu’un seul moyen de faire du shopping : “L’Arabe du coin”, toujours ouvert et à la boutique bien achalandée. Même si aujourd’hui les supérettes des grandes enseignes envahissent les centres villes et font concurrence aux petits épiciers.
Eh bien cet Arabe du coin est très souvent un Djerbien !
Les Djerbiens ont su créer un empire grâce à leur modèle économique innovant et leur discipline. Ils ont réussi à laisser leur marque sur le monde. Les épiceries Djerbiennes reste une puissance majeure dans la Tunisie avec un sens de travail imbattable.
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Sitographie:
Les Djerbiens,des migrants séculaires
EN PHOTO : UN MÉTIER QUI NE MEURT JAMAIS L’ÉPICIER EN TUNISIE